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Récit du Capitaine HUET Jacques
4 juin 1940
Au petit
jour, nous atteignons Malo les bains, puis le port de Dunkerque où
l’entassement est à son comble. Nous sommes mélangés à toutes sortes
d’unités ; marins, aviateurs, régionaux, etc… dont les hommes ont en
sautoir, une chambre à air en guise de bouée pour le cas d’un naufrage en mer.
Des obus
tombent au hasard sur cette marée humaine qui déferle vers les bassins du port.
Les projectiles tombent au milieu des rangs, déchiquetant, faisant des trous
profonds dans cette masse compacte qui hurle et se pousse au point que les premiers
tombent à l’eau.
Aux
premières lueurs du jour, nous nous rendons compte que le môle est ne contient
plus que des bateaux coulés. Nous avons compris. Mais pourquoi nous avoir
amenés là ?
Alors,
tous, désespérés, dégoutés, nous fuyons cet enfer de feu et de sang, pour nous
disperser sur la plage de Malo les Bains, qui est tout proche, et épargnée des
coups. Le soleil commence à dorer le sable, et nous voit détruisant notre
armement, nos archives, nos documents. Tout est jeté dans le canal proche, qui
charrie des corps et du goudron.
Des
avions nous survolent… affolement. Mais ce sont les allemands qui, débouchant à
la fois de toutes les rues de Malo,
viennent s’emparer de nous.
Ils sont
stupéfaits de ne pas avoir notre armement, notre bel armement tout neuf, dont
nous étions si fiers, pour l’avoir conservé jusqu’au bout. Cela les rend
furieux.
Nous
sommes alors parqués au Champ de Mars, entre Malo et Dunkerque, après avoir été
dénombrés en gros et délestés de nos équipements.
Oui, la tragédie sanglante est terminée pour
nous. Mais une autre commence, qui durera cinq ans................................
Récit du Zouaves SIMON louis
Arrivé à Zuydcoote, il y avait le feu partout. C'était le débandade, nous avions peur. Il y avait des officiers qui voulaient continuer à se battre, d'autres non. Nous étions sur la plage. Tout sautait partout.
Les anglais tentaient d'embarquer pour l'Angleterre et certains essayaient d'en faire autant souvent sans succès.
Les
allemands nous ont fait prisonniers et fait marcher jusqu’au Rhin. Je me
souviens avoir souffert pour rallier
Hazebrouck à Lille (43 km). Puis ils nous ont mis sur des péniches à charbon
qui ont remonté le fleuve jusqu’en Allemagne.
Nous avons été mis dans un camp.
Certains gardes étaient sympathiques. Je me souviens d’un jeune allemand qui
mangeait un sandwich et qui m’en a proposé un morceau .lorsque j’ai eu fini, il
a même proposé de m’en apporter un autre et il m’a même donné à boire............................
Récit du Zouave LEBRUN Arsène
Mais
lorsque Paris fut pris, les revoilà avec leurs chars et nous voila tous
prisonniers le 4 juin 1940, c’était fini pour nous. Direction grosse Deutchland
par la hollande en train puis en bateaux, nous sommes arrivés chez eux le 18
juillet à Dortmund, stalag VI D. alors la, il fallait placer tout ce petit
monde. Finalement, nous étions environ 30 dans un petit kommando et avec un
copain, nous voila versé chez un entrepreneur de battage, nous faisions 4 repas
par jour, dans le mois j’avais repris les 10 kilo que j’avais perdu et mon
copain ses 11 kilo, mais cela n’a duré que quelques mois.
Après
nous avons été virés à la mine de charbon mais en surface et un beau jour,
voila le boucher du pays qui vient dans le kommando et qui demande si il n’y
avait pas un boucher parmi nous. Je me présente et il m’embarque 1 jour sur 2
et 1 jour sur 2 à la mine.
La,
ce n’était plus des rutabagas comme nourriture mais des bons biftecks, je
mangeais à table avec eux comme chez moi. Je me servais mais quand j’avais fini
mon morceau, il piquait dans la gamelle et m’en redonné un 2ème
morceau. Du beau monde, mieux que certains français. Quand j’étais chez
l’entrepreneur de battage, même chose. La patronne, tous les samedis, il fallait
que nous donnions notre chemise et elle nous donnait une des chemises propres
d’un de ses fils qui était à la guerre.
Les
soldats allemands ; de la saloperie, mais les civils je les admirais
tellement ils étaient gentils.
Puis
au bout de 16 mois derrière les fils de
barbelés le 3/10/1941, me voila parti pour la France. Personne n’a voulu venir
avec moi donc je suis partis seul, le midi, pas de Lebrun pour le déjeuner.
Les
copains ont dit que j’étais chez le boucher mais c’était faux........................
Récit du Zouave SCHREIBER Lucien (Musique, classe 1937)
Un
zouave en vadrouille, Ou
comment j’ai porté cinq uniformes différents pendant la même guerre
Octobre 1937.
Comme tout citoyen français, je donne suite à l’ordre d’incorporation qui me
parvient fin septembre et m’affecte au 8ème Régiment de zouaves,
camp de Mourmelon (Marne).
Prisonniers,
coiffés de la chéchia, nous étions un certain nombre de Zouaves couchés dans les dunes de Malo les bains. Nous voyons arriver des camions et des soldats
allemands distribuant du pain noir. Derrière eux, sur un autre camion, des
opérateurs filment les scènes qui se déroulent et ne sont pas tout à fait en
notre honneur. Je les entendais se moquer de nous, de notre indiscipline. Leurs
réflexions écœurantes me révoltaient. Mais que pouvais-je faire ?
Lors du départ de
dunkerque pour une destination pour l’instant inconnue, on demande des
interprètes. Les copains me poussent à me présenter et j’y vais avec la secrète
pensée de nous être utile, savait-on jamais ? Malheureusement c’est le
contraire qui se produit. Les allemands répartissent les interprètes tout au
long de la colonne, ce qui fait que je n’ai plus revu mes copains d’alors. A
pied à travers la Belgique et la hollande (dont je mentionne la tenue
exemplaire des habitants envers nous) nous arrivons à la mer à l’embouchure du
Rhin où nous embarquons sur des péniches.
C’est la que pour
la première fois, j’eus un différent avec un allemand, le chef du convoi de
notre péniche était un sous-officier hautain et arrogant. Ma chéchia, par
exemple, ne lui plaisait pas du tout. C’était pour lui une coiffure de
sauvages. Vous pensez que je lui expliquais ce que c’était les zouaves.
En
vain, pour lui nous étions en train de nous dégénérer. Il avait combattu en
1914-1918, et d’après lui les alsaciens étaient des allemands et devaient être
de leur coté. Je ne pus m’empêcher de lui demande comment je devais assimiler
la situation depuis mon plus jeune âge, à la maison comme à l’école, j’avais
appris que ma patrie était la France. En foi de quoi j’avais juré sur le
drapeau de mon régiment de la défendre. Et lui, du jour au lendemain, venait me
dire que j’étais allemand ; Alors que faire ? Il se dégagea par une belle
engueulade comme seul un sous officier boche savait le faire. Mais après ses
diverses injures et quolibets je ne pus m’empêcher de redresser la tête et de
lui dire que ma partie étant la France, je n’avais fait que mon devoir et cela
en tout honneur. J’ajoutais que je ne lui souhaitais pas de se trouver dans une
situation analogue à la notre à Dunkerque. Il s’est certainement souvenu de moi
s’il a vécu la retraite de Russie en 1944.
L’arrivée en
Allemagne se fit du côté de Lingen (Westphalie). On fait marcher les
interprètes en queue de convoi. A un moment donné, il y a des H.J (jeunesse
hitlérienne) sur les deux bords de la route. Ils tirent la langue et crachent
par terre. Lorsque nous arrivons à leur hauteur, le gardien qui marchent avec
nous en fin de convoi, leur crie « mais les enfants, ce sont des
alsaciens, des compatriotes ! Ne voilà-t-il pas qu’ils se mettent tous au
garde à vous et font le salut hitlérien. Déjà écœuré, cela m’a renforcé dans mes
sentiments patriotiques de sorte que j’ai enlevé subrepticement le brassard
blanc qu’on m’avait donné à Dunkerque pour ne garder que celui de brancardier
de la croix rouge. Cela m’a valu d’être versé dans un commando en partance,
ainsi je suis arrivé un beau jour dans un stalag à Juterborg près de Berlin.
Par les gardiens,
tous des vieux de 1914-1918, j’appris que l’alsace avait été annexée et que les
Alsaciens-Lorrains seraient libérés sous peu. Par la suite j’en ai
effectivement vu qui rentraient et
j’avoue franchement que j’ai eu un pincement au cœur en les voyant partir. Mais
je ne voulais pas retourner chez moi, ne me sentant aucunement attiré par
l’intense propagande faite par les nazis en notre faveur. Tout cela sans
compter avec l’attitude dont avait été capable mon père. A Colmar il y avait un
centre de démobilisation pour prisonniers alsaciens.
Un jour il aperçoit une
chéchia dans le tas. Evidemment il
réussit à lui parler pour apprendre que c’était un copain de la musique du 8ème
Zouaves.
Séparé de moi à dunkerque il me savait en vie et prisonnier. .........................."
Récit du Zouave HESTEAU Henri
"Traversée
à pied de la Belgique, puis la hollande ou nous avons embarqué dans des
péniches qui servaient au transport du charbon. Marche
à pied jusqu’à Bathorn au stalag VI C (ou le 1er bataillon du 8ème
Zouaves était retenu, en Westphalie).Je
ne suis resté que quelques jours au camp, la nourriture y était très rationnée
ou parfois avec un peu de chance on y trouvait un oignon ou une patate. Volontaire
pour aller travailler en culture, je me retrouve à Vreden ou j’ai été affecté
chez un fermier. Je dois vous faire remarquer que les zouaves restaient
toujours groupés et nous nous sommes retrouvés le soir au Kommando 198 à trente dans une chambre entourée de barbelés.
Avec mon camarade d’infortune, louis Guillot, un parisien, nous avions décidé
de nous évader le 4 juin 1942.2
ans, jour pour jour après Dunkerque. En cela nous avons été par l’arrivée à mon
Kommando, des sous officiers Lucien Coizy de trépail près de Reims, désiré
Goditiabois et son beau frère Victor Deltour de Tourcoing, venus volontaires
pour s’évader avec des documents obtenus au camp de Bathorn.
En
catimini, bien pour ne pas dévoiler nos
intentions, muni de quelques renseignements, mon copain Guillot et moi décidons
de nous évader en même temps qu’eux. Avec les vélos de nos fermiers pour aller
au boulot, nous nous dirigeons vers la hollande située pas très loin de Vreden.
Malheureusement pour eux, nos trois sous officiers se font arrêter par la
gestapo, alors nous prenons le train à Nimègue et descendons à la dernière
station avec la Belgique. 30 kilomètres à travers bois et prairies et nous
voila en Belgique que nous traversons en
train jusqu'à la frontière française ou à pied nous rejoignons Valenciennes,
prenons le train jusqu’à Paris bourré de soldats Allemands................"
Le Zouave DECOURTIL Charles en captivité,
Matricule PG : 9558
Capturé le 4 juin 1940 à Dunkerque, en captivité au Stalag VI C à Bathorn. il est ensuite transféré au stalag VI B puis au Stalag VI K en septembre 1942.
Il travaille dans une ferme Kommando ou il est très bien traité.
Matricule PG : 9558
Capturé le 4 juin 1940 à Dunkerque, en captivité au Stalag VI C à Bathorn. il est ensuite transféré au stalag VI B puis au Stalag VI K en septembre 1942.
Il travaille dans une ferme Kommando ou il est très bien traité.
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